Le langage spirituel
La foi et la croyance : Deux notions essentielles en dialogue
La foi et la croyance sont souvent confondues, mais elles ont des essences différentes. La foi est une conviction profonde qui transcende le doute, tandis que la croyance peut être sujette à l'incertitude. Il est essentiel de comprendre comment ces deux concepts interagissent dans notre vie quotidienne.
Clarification des concepts : foi versus croyance
La foi est souvent perçue comme une conviction inébranlable, tandis que la croyance peut fluctuer en fonction des expériences et des informations. Alors que la foi est un moteur d’action et de transformation, la croyance peut parfois être une simple acceptation d'idées sans conviction profonde. Cette distinction est fondamentale pour appréhender notre rapport avec nous-mêmes et le monde qui nous entoure.
Les croyances : fondements et évolutions
Selon les dictionnaires, notamment le Larousse, la croyance (ancien français "creance", du bas latin *credentia, du latin classique "credere", croire) est le fait de croire en l'existence de quelqu'un ou de quelque chose, ou à la vérité d'une doctrine ou d'une thèse, comme la croyance en Dieu ou aux fantômes. Les synonymes incluent : adhésion, assentiment, certitude, conviction, etc. D'après Wikipédia, la croyance est l'attribution d'une valeur de vérité à une proposition ou à un énoncé, indépendamment des éléments de réalité qui pourraient confirmer ou infirmer cette proposition.
Étymologiquement, "croyance" provient du mot "croire", qui partage une racine avec "croître". Croître signifie élever, évoluer ou se développer, une croissance vers la perfection. Dans le langage courant, une croyance est synonyme d'avis, d'idée, d'opinion, de pensée, de position, de sentiment, de thèse, de point de vue ou d'idéologie. C'est une conviction fourre-tout, composée d'arguments divers pour la justifier : sérieux, rationalité, pragmatisme, réalisme, lucidité, évidence, etc. Pour étayer cette justification, les idées contraires sont souvent qualifiées de rêveuses, frivoles, délires, fétichistes, superstitieuses ou fantasques. Le terme "rationnel" semble être le plus approprié pour définir la croyance par l'usage de la raison. Cependant, cela ne représente qu'une fraction du réel, qui est un tout contenant des parties. En somme, la conscience oscille entre ignorance et lucidité, entre l'invisible et le tangible. Lorsque l'ignorance s'aventure dans l'invisible ou le tangible, cela se traduit par naïveté et vice.
Exploration du réel et de la réalité
Le réel et sa version féminine, la réalité (principe de genre de la vie), sont des références suprêmes attestant d'une vérité, guidant celle-ci. Le réel, tout comme la réalité, est un tout, englobant toutes les polarités et fractions, du visible à l'invisible, de l'abstrait au concret, du vrai au faux, du bien au mal, du beau au laid, de l'amour à la haine, de l'injustice à la justice, etc. Le mental humain fonctionne selon une triade, constitué de pensée, parole et action, et organisé autour de disciplines qui leur correspondent :
Sensoriel (corps organique) | Intellectuel (corps mental) | Spirituel (corps mental) |
---|---|---|
Les sciences | Les philosophies | Les religions* (lecture et relation) |
Les matières premières | Les techniques (méthodes) | Les arts (méthodes) |
Rejeter une fraction de cette réalité, quelle qu'en soit la raison, la croyance ou la valeur, est un déni. La polarité ne peut être supprimée ou modifiée ; c'est un principe immuable et éternel. Vouloir plus de bien au nom d'un sens moral est légitime et respectable, mais le mal sert de tension pour que la conscience puisse faire un choix, évoluant ou involuant, progressant ou régressant. C'est cette tension qui engendre le libre arbitre et, par extension, la liberté. Il est essentiel que tant l'enfant que l'adulte ne perçoivent pas le même bien ou le même mal. Un enfant, même s'il est conscient du danger du feu, ne comprendra véritablement que la douleur causée par la brûlure que lorsqu'il l'aura expérimentée. Ainsi, le feu, comme toutes choses, n'est pas responsable de notre douleur physique ou de notre souffrance mentale ; c'est notre approche et la valeur que nous lui conférons qui le rendent bon ou mauvais. Je ne peux connaître la valeur d'un "bien" sans passer par la case du "mal". Le fractionnement, lié à notre activité intellectuelle pour tenter de comprendre, divise toujours davantage dans toutes les disciplines.
Les exemples abondent : il y a près de 2500 ans, l'hypothèse de l'atome insécable proposée par le philosophe grec Leucippe et son disciple Démocrite servait de socle pour une compréhension définitive de la matière. Deux mille cinq cents ans plus tard, après les travaux de Thomson, Dalton, Faraday et Plucker, qui ont confirmé l'existence de cet atome, Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie ont découvert que cet atome, initialement considéré comme insécable, était en réalité divisible. La recherche continue et nous découvre un nouveau monde, celui de l'infiniment petit (subatomique), avec une nouvelle discipline scientifique : la physique quantique. À ce jour, plus de soixante particules élémentaires et leurs antiparticules ont été identifiées, et ce n'est pas fini. La biologie, le génome, la physique et le Big Bang sont un gouffre sans fin, vers toujours plus de connaissances. Comprendre le fonctionnement par le comment est une démarche essentielle, mais cela ne répond pas toujours à la question du pourquoi. L'acceptation que nous ne connaitrons jamais l'intégralité du réel tel qu'il est, tant sa complexité, rend le terme lui-même plus facile à appréhender, que l'humilité de reconnaître que nous ne savons rien, constitue la seule vérité en pareille situation.
La polarité : équilibre entre bien et mal
La polarité est un principe qui se présente comme un atome, avec un pôle positif et un pôle négatif, un aspect féminin et masculin, actif et passif, et un certain niveau vibratoire. Tout dans la création possède ces propriétés. Le bien et le mal, l’ordre et le désordre, ne sont pas séparés ; ils coexistent en toute chose et en chacun de nous au niveau principe et causal, c’est la base du libre arbitre. Pour choisir le bien, il faut que le choix du mal soit toujours une option. Chaque conscience exercera sa liberté dans le cadre des lois de causalité. Tout est possible, mais chaque action implique une réaction, c’est la règle ! Cette réaction peut être positive ou négative en rapport avec l’action, c’est la Loi qui gouverne le libre arbitre du processus divin.
Notre jugement, dont la balance est le symbole de la justice, comporte deux plateaux (la polarité). Leur équilibre se lit lorsqu'ils sont au même niveau, représentant le zéro du thermomètre. Dès que l'on dépose un fait à mesurer (juger) sur l'un des plateaux, nous créons mécaniquement son déséquilibre. Si l'on place du mal sur un plateau, le plateau opposé, représentant le bien, se hisse vers le haut. Sur l'échelle de la création, le bas est lourd et le haut plus léger : le mal s’enfonce dans l'obscurité de la terre, tandis que le léger s'envole vers les cieux. C'est une vision pure de la mécanique, où le léger ne fera jamais le poids face au lourd. Ainsi, ceux qui adhèrent à la matière auront toujours raison tant qu'il s'agit de peser de la matière.
Dans notre quête de la connaissance, pour éviter de sombrer dans la lourdeur et la rigidité, nous nous référons aux vertus. La première vertu est l'humilité, qui exprime notre insuffisance de connaissance et nous rappelle notre devoir à accomplir. Là où l'intellect égotique revendique des droits, ceux d'agir comme bon lui semble, au prétexte qu'il sait et comprend.
La foi : un vecteur de transformation
La foi, dans son essence, va bien au-delà d'une simple croyance en l'invisible ou d'une confiance aveugle. Son étymologie latine, "fides", renvoie à une conviction solide et à une certitude inébranlable. Dans une perspective contemporaine, la foi est souvent associée à l'espoir, mais cet espoir peut également engendrer le doute. En revanche, la véritable foi exclut toute incertitude. Elle agit comme une force qui transforme les aspirations en réalités concrètes, devenant ainsi le fondement de notre vécu. En cultivant une conviction inébranlable, nous ne nous contentons pas d’espérer le changement ; nous le manifestons activement.
L'idée que la foi est aveugle, liée à la notion que seule la réalité tangible compte, soulève des questions intéressantes. Vivre uniquement dans le tangible impliquerait que les personnes malvoyantes habitent l'irréel. De plus, si nous vivions seulement pendant la journée, la nuit et son obscurité interdirait toute exploration. La terre incognita représente un défi pour l'esprit rationnel, qui a besoin de repères familiers pour naviguer.
La vraie évolution de la Raison repose sur la capacité à intégrer de nouvelles informations issues de la foi. La foi est souvent le point de départ de l'intuition et de l'illumination. Ce qui est nouveau peut, au début, sembler absurde pour la Raison, mais au fur et à mesure que la compréhension s'affine, cette nouvelle perception devient de plus en plus logique, évoluant vers une certitude. Ce qui était auparavant domaine de la foi s'intègre alors dans le cadre de la Raison, laquelle s'enrichit de cette nouvelle perspective.
La foi représente donc un élément fondamental de notre évolution personnelle et collective, posant les bases de notre capacité à nous perfectionner. Face à des problèmes imprévus, notre esprit continue de fonctionner : il cherche, analyse et compare. Cependant, il peut se rendre compte qu'il n'y a pas de lien évident entre cette nouvelle sensation et nos expériences antérieures. Dans ces moments, il réalise ses propres limites.
Prenons l'exemple d'un trajet en voiture de nuit : la portée des phares ne dépasse guère une centaine de mètres. Sur quoi reposons-nous pour avancer dans l'obscurité ? Bien sûr, des cartes attestent de l'existence de la route, mais notre nature pragmatique et notre scepticisme peuvent nous amener à douter. Qui a dessiné cette route sur la carte ? Ne serait-il pas prudent de se poser de telles questions avant d'emprunter ce chemin dans l'obscurité ?
La Raison, symbole de sagesse, nous rappelle que notre logique peut parfois être illogique. Tout comme la phrase "à demain" prononcée sans réflexion à la fin d'une journée de travail. Les projets, qu'ils concernent des vacances ou des anniversaires, reposent sur des probabilités. Cela implique une certaine confiance, qui n’est autre que l’expression de la foi.
L'abstraction demeure invisible ; aucune carte, logique ou certitude cartésienne ne peut la guider. Seul un aveugle pourrait naviguer dans un tel concept. Dans notre réalité, un aveugle utilise les sons et l'air pour mesurer les obstacles qui représentent des défis. De même, dans la vie quotidienne, nos cinq sens à eux seuls ne suffisent pas.
La Raison tire sa force de ses certitudes et de ses mécanismes de fonctionnement, mais son efficacité est limitée à un territoire balisé et connu. En dehors de ces limites, qui ne concernent que ce qui est directement perceptible, la Raison peut rapidement sombrer dans l'irrationnel. Sans repères, elle peut devenir aussi délirante que ce qu'elle reproche à la Foi.
La Raison est généralement hostile à l'inconnu, à ce qui lui semble étrange ou inassimilable. Pour se protéger, elle érige des barrières qu'elle considère inviolables, mais ces remparts limitent considérablement ses capacités. L'intolérance et le sectarisme naissent de la certitude d'avoir raison face à ceux qui ne partagent pas nos idées. Cela révèle des vices dont l'ignorance est le plus notoire.
Conclusion : Harmonie entre foi, croyance et raison
En somme, la foi et la croyance, bien que souvent confondues, jouent des rôles distincts mais complémentaires dans notre compréhension du monde et notre relation à nous-mêmes. La foi, en tant que conviction profonde et inébranlable, nous permet de transcender les doutes et d'embrasser les possibilités d'évolution personnelle. Elle nous encourage à agir, à créer des réalités tangibles et à naviguer dans l'incertitude de la vie avec assurance. D'un autre côté, les croyances, avec leur nature plus fluide et variable, nous façonnent tout autant, mais peuvent parfois nous enfermer dans des schémas de pensée rigides. La distinction entre ces deux concepts est essentielle pour favoriser une approche équilibrée et ouverte à l'égard des défis que nous rencontrons. La dualité entre foi et raison est un élément central de notre existence. Tandis que la foi nous pousse à aller au-delà des limites de notre compréhension actuelle, la raison nous ancre dans une réalité tangible, nous offrant des repères nécessaires pour naviguer dans notre quotidien. Dans cette quête d'harmonie entre ces deux dimensions, nous découvrons la richesse de notre expérience humaine, où l'humilité, l'ouverture d'esprit et le respect des différences deviennent des vertus essentielles. Ainsi, cultiver la foi tout en reconnaissant les limites de nos croyances et de notre raison peut nous conduire à une compréhension plus profonde de nous-mêmes et du monde qui nous entoure. C'est dans cet équilibre que se trouve notre potentiel d'épanouissement et de transformation, tant personnelle que collective.